(Editorial de
David POULAIN, juin 2006)
De quoi s’agit-il ?
Penser.
Penser, c’est quoi ?
Avoir des idées et les justifier. Un ensemble d’idées
forme une thèse.
Cependant si la dissertation se résumait
à démontrer une thèse,
ce serait trop facile. Non seulement il faut la prouver, mais en
plus il faut la tester, la mettre à l’épreuve,
c’est-à-dire la confronter à des objections
construites pour considérer si elle tient la route.
Enfin la dissertation, c’est aussi ce qui
nous a conduit à cette thèse. Une
sorte de cheminement de la pensée.
Ainsi la thèse n’apparaît pas
spontanément. Au contraire, elle est l’aboutissement
d’un processus de réflexion. C’est
ce processus entier que l’on nomme la pensée.
Et c’est la mise en forme de ce processus par écrit
que l’on nomme dissertation.
Nous pensons d’abord avec
ou contre. Avec ou contre des philosophes… Avec ou contre…
nous-même ! C’est bien là la difficulté
: cet exercice requiert culture philosophique (et générale)
et recul sur nous, sur « nos idées ».
Car face à un problème
philosophique, nous pouvons tout d’abord penser
« a priori », avoir une première opinion.
Puis, par un processus critique de réflexion,
la remettre en question, pour finir par établir une thèse
– ce que nous pensons vraiment. Tout cela dans un cadre bien
délimité par un sujet précis, qui renvoie à
un thème précis (à savoir une notion du programme
de terminale).
Opinion, remise en question, thèse.
Tel doit être le mouvement naturel d’une dissertation.
Il s’agit de dépasser
« ce que nous pensons d’abord » et d’établir
rationnellement par une démonstration rigoureuse
pourquoi cette première pensée (première
partie) spontanée est infirmable, et pourquoi notre thèse
(dernière partie) est justifiée. Car si nous pensons
contre des philosophes ou contre une opinion générale,
c’est avant tout contre nous-même que nous pensons.
C’est par une sorte de dédoublement de l’esprit
que nous pouvons disserter. D’ailleurs PLATON définit
la pensée comme « un dialogue silencieux de l’âme
avec elle-même ». Nous posons des réponses au
sujet, puis nous les mettons à l’épreuve, nous
les infirmons, pour finir par en émettre une qui nous parait
tenable.
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