Reconquérir
le moi du juin?
L’intention de reconquérir
le mois de juin n’est pas totalement stupide. Il est vain
de soupçonner que le pouvoir actuel chercher à discipliner
par le travail une jeunesse que la crise laisserait désœuvrée
et donc potentiellement menaçante. De même, libérés
plus tôt, pour permettre d’organiser dans chaque établissement
les épreuves du baccalauréat, les élèves
de terminale, disposent d’un temps supplémentaire pour
se réapproprier l’immensité et la diversité
de leurs savoirs. Toutefois, il nous semble, que le ministère
a omis de prendre en compte, dans sa savante redistribution des
cartes, la singularité de l’épreuve de philosophie.
La réduction de la période de correction des copies
entrave la possibilité de bien faire notre travail : à
savoir d’évaluer équitablement l’esprit
critique des candidats qui ont planché sur des sujets complexes
et qui disposaient de quatre heures pour dégager les différentes
dimensions d’un problème. N’oublions pas qu’il
y a quelques années, l’épreuve de philosophie
était anticipée de manière à laisser
le temps nécessaire aux correcteurs pour s’acquitter
correctement de leur tâche. A présent, et pour des
considérations « globales »et exogènes,
certains de nos collègues disposent seulement de huit jours.
Il me semble que les priorités sont mal définies,
parce qu’elles ne partent pas des exigences propres à
l’éducation et à la vie de l’esprit.
Certes, la tyrannie de l’immédiateté s’est
confortablement installée dans la société de
consommation et dans les pratiques sociales : l’heure est
plutôt au bavardage sur Facebook, Msn qu’à la
lecture suivie ; et depuis longtemps déjà, le format
du journal télévisé invite à la fragmentation
du discours et à des politiques de communication, pour ne
pas dire parfois à des politiques virtuelles.
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